Première séance à la Section Combat

[Informations à l’attention des joueurs : Une partie a été crée dans le module : Section Combat.]

Dimitri observa une à une les recrues qui étaient en train de venir sur le terrain. De belles recrues, enfin, tout était relatif, pour ainsi dire les nouveaux venus dans l’agence n’avaient pas tous le même niveau sportif. Mais il n’était pas là pour leur faire courir un cent-dix mètres haies, tout du moins pas aujourd’hui. Tout en les observant il se dirigea vers le sac qu’il avait emporté avec lui et s’accroupit en face, il sortit alors tranquillement ses bandages et commença à les enrouler autour de ses mains avec application comme un boxeur. Lorsqu’il eût terminé il revint vers eux et observa les alentours à la recherche d’un retardataire, aucun dans les environs, si jamais certains n’étaient pas ponctuels ils allaient vite apprendre à le devenir avec lui. Kovec approcha rapidement d’un de ses élèves et lui tapa dans le dos avant de lui indiquer où se positionner.

"Bonjour mesdemoiselles et messieurs, vous êtes ici pour apprendre à vous battre, pour tuer dirais-je même ! Alors voyons voir ce que ça donne… Vas-y tue-moi."

Dimitri regarda un instant la recrue qu’il avait fait se déplacer jusqu’à lui un peu plus tôt, son visage figé dans une expression de bourreau sans remords. Il sourit soudain.

"Non, je rigole, choisi une recrue et attaque la !"

[Le premier a posté est la recrue qui est désignée par Kovec pour en attaquer une autre.]

Kane laissa un petit instant passer entre le moment où il répondit à l’ordre qu’on lui donnait et le moment où il comprenait ce que cela signifiait… Son instructeur avait l’air d’avoir la cinquantaine, pas vraiment de quoi s’affoler donc selon bien des pronostics en vigueur quant à la détérioration des facultés sportives d’une personne en fonction de son âge. Mais ce type était instructeur ici, autant dire que c’était le genre de chose qui refroidissait l’honnête homme qu’il était. Oui, Kane avait jusque là toujours était honnête, dans l’ensemble tout du moins, il n’avait jamais agressé personne dans quelque but que ce soit, n’avait pas voler – si l’on omettait quelques téléchargements, … Non, vraiment, on ne pouvait pas le traiter de criminel, à peine de délinquant, et la violence n’avait jamais vraiment était présente dans sa vie. Ce n’était pas un dur, et ce type là, face à lui, avec ses bandages aux poings semblait bien apte à lui mettre la tête à l’envers en deux coups de cuillère à pot. Kane ne se sentait vraiment pas en sécurité.

Il retint un soupir de soulagement lorsqu’il comprit qu’il ne devrait pas affronter cet homme là mais bien un de ceux qui, comme lui, n’étaient que des novices. Des hommes et des femmes, pouvait-il se permettre d’attaquer une femme, serait-ce mal vu ? Il n’en savait trop rien et c’était la première question qui lui était venue, en effet d’un point de vue de force physique c’était sans doute elles qui lui seraient le plus inférieur… Il ne s’appelait pas Rambo et n’en avait pas non plus la carrure ou la science martiale. Il fallait qu’il mise sur quelqu’un qui avait l’air de faire plus ou moins son poids. A vrai dire moins serait plus précautionneux, oui, un anorexique, voilà ce contre quoi il pourrait espérer gagner avec certitude.

Holloway se voyait mal face à quelqu’un de plus lourd que lui et quelqu’un de son poids risquait de l’emporter avec un minimum de technique. S’il s’attaquait à un type de cinquante kilos il avait quand même de bonnes chances de l’emporter. Il n’était pas trop sûr de lui, mais ne tenait pas vraiment à ce que l’instructeur change d’avis et lui demande de l’affronter. Il fallait agir vite, Kane avait peur de perdre, mais il était plus effrayé encore par les membres de cette sombre organisation qui offraient à des civils de devenir des assassins. Il chargea brusquement un homme qui se trouvait dans le groupe des novices et tenta de le faire tomber au sol en le saisissant au niveau des jambes, le plaquage ayant pour but de lui permettre de prendre le dessus une fois le type sur le dos.

David était venu là avec un fond d’appréhension, le combat… Bon, il ne pouvait nier avoir donné quelques coups lors de son adolescence à l’occasion de querelles souvent issues de quelques sentiments pour quelques jeunes filles. Mais il s’agissait bien de choses peu fréquentes et espacées de plusieurs mois, rien qui ne puisse s’apparenter à une quelconque forme d’entraînement ou d’habitude. Il venait de rejoindre le troupeau, attentif à répondre aux attentes de ses supérieurs de peur de se prendre une bonne tartine dans la gueule. David observa l’évolution des choses, se demandant un moment pourquoi leur instructeur avait les mains bandées. Est-ce qu’il allait se complaire à les tabasser les uns après les autres juste pour voir leur réaction ? N’avait-il pas peur qu’ils se révoltent et se mettent tous contre lui ? Il essayait d’anticiper la suite mais n’y arriva pas vraiment. Alors, le professeur demanda à l’un d’eux de s’avançait. A vrai dire David ne l’avait jamais vraiment vu, quoi que… Si, il l’avait déjà remarqué de loin mais ne lui avait jamais parlé. Il attendit la suite et fut assez surpris de la demande du cinquantenaire. C’était donc en tant que spectateur que le jeune Clerc pensait suivre le reste des évènements. Et tout changea subitement ! L’instructeur changea d’avis et lui demanda d’aller s’attaquer au hasard à l’une des autres recrues présentes sur le terrain de sport.

Tout d’abord indécis, l’élève désigné finit par passer à l’action et se rua dans sa direction, incapable de réagir à temps David se sentit soulevé de terre avant que son dos ne rejoigne brusquement celle-ci, il expira brusquement sous le choc avant de tenter de reprendre son souffle. Incapable de penser normalement, l’ancien serveur décocha un premier coup de poing vers son adversaire, puis un second, il tentait désespérément de lui infliger un maximum de dégâts afin de reprendre le dessus ou tout du moins d’arriver à emporter cet affrontement. Il haletait, grognant sous l’effet de la douleur et de l’effort. Quel enfoiré ! Pourquoi l’avait-il choisi lui et pas un autre ? Il pensait sans doute qu’il était faible, oui, ce devait être ça ! Quel enfoiré, vraiment ! Deux nouveaux coups jaillirent depuis le buste de l’homme à terre vers celui qui avait pris le dessus. Il fallait arriver à se sortir de là… Pourquoi ne tombait-il pas ? Il semblait si facile de plonger un homme dans l’inconscience dans les films américains ! Un bon coup sur le casque et l’autre s’effondrait sans demander son reste ! Voilà quatre coups que son adversaire encaissait et il n’était toujours pas à terre !

La panique commençait à monter dans l’esprit de Clerc, tout comme son rythme cardiaque, il se sentait oppressé, incapable de véritablement prendre conscience des choses. Mais qu’on le laisse, pourquoi fallait-il qu’on s’en prenne à lui ? Il ne se souvenait pas d’une chose aussi terrible, non, le combat n’avait jamais eu cet aspect pour lui… Mais les autres fois il s’agissait simplement de querelles adolescentes, souvent issues de la boisson et de la passion. Là ça n’était pas la même chose, il se sentait vraiment mal… On les entraînait pour devenir assassins, lui comme son adversaire. Il était en face d’un apprenti tueur. Mort, c’était la mort qu’il risquait, pas un nez brisé !

Kane se redressa pour tenter d’esquiver les poings de son adversaire… Sans véritablement y arriver. L’impact de ces quatre coups consécutifs fut terrible, c’était comme si tout venait de changer de sens. Il était totalement désorienté et ne du la possibilité de riposter qu’au stress de son adversaire. Reprenant à peine son souffle, la bouche en sang, le jeune américain passa ses mains au niveau de son menton avant de les projeter, fermées, vers son adversaire.

Rouant de coups David, profitant de sa position de force, il réussit à percuté celui-ci à trois reprises, c’était pour le moins satisfaisant mais le tout transpirer une forme de désordre bien palpable. Il était incapable de le mettre hors d’état de nuire et inversement, ils ne voyaient que par l’attaque et les dégâts étaient pour le moins important bien que peu efficaces. C’était un pugilat de novices, une bouillie de coups à peine visés, presque pas contrés, il y avait de l’agressivité mais pas de technique. La rage, simplement la fureur. C’était ce qui prédominait dans l’échange, mais aussi dans l’esprit de Kane en cet instant, il fallait qu’il réussisse, qu’il prenne le dessus, qu’il gagne tout simplement. Fallait-il qu’il aille jusqu’à tuer ? Il n’en savait trop rien, mais au moins il ne devait pas perdre, il ne devait pas tomber, il fallait qu’il résiste.

Le monde tournait légèrement, il avait la vue un peu floue, l’épuisement se faisait ressentir sur ses épaules affaissées, incapable de reprendre le dessus sur sa fatigue il n’arrivait pas à garder l’avantage. Toujours avec Clerc en contrebas devant lui, un jeune homme à qui il n’avait pas parlé, qu’il ne connaissait même pas et contre qui il tentait de batailler sans poser de questions parce qu’on le lui avait demandé. D’un autre côté il ne tenait pas vraiment à affronter le type qui avaient des bandages aux mains, non, loin de là même ! Mieux valait se prendre une bonne trempée par le jeune homme qu’il venait d’attaquer que se faire briser la nuque par un homme rompu à l’art de combattre. Car si on voulait qu’il forme des assassins, ce devait être parce qu’il avait à de nombreuses reprises prouvée sa valeur.

David cracha un petit peu de bave mêlée de sang, la lèvre ouverte, il voyait la contre-attaque de son adversaire mettre à mal sa panique… Et l’amplifiait à la fois. Il fallait agir, la peur qui le paralysait un peu plus tôt lui donnait des ailes à présent. Il se redressa vivement et se saisit du col de son adversaire avant d’envoyer de nouveau son poing au contact du visage de celui-ci. Il fallait prendre le dessus, l’abattre si c’était nécessaire. Un premier coup atteignit le visage mais toujours pas de résultat décisif quant à l’affrontement. Il fallait être plus violent, plus vicieux, il décida de viser autre chose, cette fois ce fut en direction de la gorge de l’américain qu’il propulsa sa main. L’effet fut presque immédiat, il sentit l’épaule de son adversaire venir s’appuyer contre la poigne qui saisissait son col, il était en train de sombrer vers l’avant. Clerc pivota de façon à ce que le corps du type s’étende à côté de lui plutôt que sur lui. Mission accomplie… Survivre, c’était sans doute l’activité qu’il allait avoir le plus besoin de cultiver ici… Il ne s’agissait plus de vivre simplement en ne s’inquiétant que de la maladie et de l’argent, maintenant il fallait compter avec l’entraînement, les armes et toutes autres sortes de risques bien réels et un tant soit peu oppressants.

Il se redressa en titubant légèrement, le dos encore endolori par la chute qu’il avait fait un peu plus tôt, le visage meurtri par les coups de poing qu’on lui avait asséné. Il regarda autour de lui, tentant de comprendre comment le reste des recrues avait vécu l’évènement, il fallait dire que ça avait été trop rapide pour lui pour qu’il se donne le temps de réfléchir à autre chose qu’au meilleur moyen de faire sombrer son adversaire. David ne bougea pas, refusant de se mouvoir si c’était pour qu’on lui ordonne ensuite de faire demi-tour, il ne se sentait vraiment pas bien, ses entrailles s’étaient nouées et le restaient même une fois l’évènement éludé… La détresse était toujours là. Son souffle tentait désespérément de reprendre un rythme normal tandis qu’il se tournait vers son instructeur sans dire le moindre mot.

[Kane Holloway Inconscient]

Isabelle battit des cils. Tout cela allait beaucoup trop vite.

Tout d'abord, le type avait demandé à l'un d'entre eux de le tuer, ce qui était déjà... Surprenant. Si le jeune homme en question était aussi débutant qu'elle (et il y avait fort à parier qu'ils avaient fait des classes de niveau), eh bien il avait dû avoir soudain la gorge sèche, le cœur à cent à l'heure et les jambes qui tremblaient.... Guère idéal pour dérouiller quelqu'un d'aussi certainement expérimenté que leur instructeur.
Ensuite, l'homme avait changé d'idée (et en avait sûrement profité pour jauger chacun d'entre eux en fonction de leurs réactions), et avait envoyé le jeune homme tabasser l'un d'entre eux au hasard. Quelque part, Isabelle fut rassurée quand il choisit Da... niel, et pas elle, par exemple. Par contre, elle fut un peu surprise par la brutalité de l'échange. Elle s'attendait à quelques coups "préparatoires", des tests pour ainsi dire, pas à cette débauche de testostérone et d'adrénaline. Da...niel avait la lèvre éclatée, et quant à l'autre... Eh bien il était maintenant inconscient.

Tout ça en deux minutes, peut être trois.

Et maintenant ?

Ca faisait un petit moment que j’avais déboulé dans la cour, totalement affolée pour me rendre compte que je m’étais gouré sur l’horaire et que j’avais bien vingt minutes d’avance. J’avais pris le temps de m’échauffer un peu, pas grand-chose mais je n’avais pas envie de me prendre un claquage parce que notre instructeur risquait d’être une brute. J’avais en tête tous les clichés qu’on avait sur l’apprentissage militaire, s’il fallait être un salaud pour entraîner des bidasses alors quand était-il lorsqu’on devait entraîner des tueurs professionnels ? Je préférais ne pas le savoir mais était bien contrainte d’obtenir une réponse en venant puisque j’avais décidé qu’à présent je casserai ma croute grâce à ma faculté à casser des pipes !

J’étais légèrement affolée lorsque tout le monde arriva, je me demandai si la course, les pompes ou une quelconque autre activité dans laquelle j’étais loin d’exceller m’attendait. Il s’avéra que l’instructeur n’était pas la montagne de muscle à laquelle je m’attendais sans pour autant être un petit gabarit. Je l’imaginais un peu dans ces âges là, dans le genre patriarche, le genre de personnalité qu’on voit bien dans les films justement, le type qui est là pour transformer des gamins en hommes de guerre. Il s’avérait que je n’étais ni un homme, ni en guerre, à la bonne heure ! Je regardai le type sans dire un mot et voilà qu’il désigne l’un d’entre nous et lui dit de… Le tuer ! Je souris légèrement, les mâles et leur besoin de dominer, il était en train de se moquer de lui, son regard disait bien : "T’es pas assez bon, je vais te pulvériser."

Et puis il eût l’air heureux de son petit "trait d’humour" avant de lui dire très sérieusement qu’il devait choisir quelqu’un et l’attaquer. Le gars eût l’air désappointé, puis chargea un autre gars… Et… Mais le gars qu’avait choisi le prof, c’était l’autre là ! Celui qu’elle avait rencontré quelques temps plus tôt. Il avait l’air plus déterminé, apparemment il avait moins de mal à se jeter dans un combat… Comment dire ? Inutile ? Désordonné ? Mal foutu ? Bon il avait moins de mal à faire ça qu’à être aimable. Il ferait peut-être un bon assassin avec un peu plus d’expérience au combat, ou un boucher… Ca restait à voir !

Dimitri les observa batailler sans intervenir, puis lorsqu’enfin l’un des deux se redressa il s’avança vers lui et lui tapota sur l’épaule. Il demanda à tout le monde de reculer un peu et s’accroupit à côté du perdant. Il était dans les vapes, il en avait prit plus d’une dans la tête. Tranquillement il posa ses doigts et palpa le visage de l’inconscient, vérifia ses fonctions vitales puis demanda à un individu lambda de l’aider à transporter le jeune homme jusqu’à un banc un peu plus loin.

"Il se réveillera pas d’inquiétude, mais pour le moment il dort un peu. Bon, maintenant je vais vous montrer ce qu’est un véritable combat…"

Il approcha tranquillement du groupe des élèves puis s’écarta en marchant à reculons, très lentement…

[N'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil sur le système de gestion.]

Une silhouette d’homme apparut à l’angle d’un bâtiment, s’approchant à pas lents, sans faire le moindre bruit. Cet homme qui approchait, était plus jeune que son collègue, il devait avoir dans les trente cinq ans, possédait un buste solide posé sur des hanches souples et des jambes élancées. Son regard était froid, ses gestes concis et ordonnés. Dimitri, qui continuait d’avancer à reculons arriva bientôt jusqu’à lui. Immédiatement, Jeffrey Burbank lâcha son attaque. Son bras droit passa sous le menton du responsable de la Section Combat et remonta jusqu’à ce que sa main enserre son biceps gauche. Son autre main vint se caller sur l’occiput de l’assassin, exerçant une pression sur sa tête de façon à ce que l’étranglement soit optimal… La réponse ne tarderait sans doute pas à se faire savoir.

Je regardai la scène sans rien dire, mais pas sans réagir. Les yeux écarquillés, j’observai l’homme qui était là pour nous enseigner à combattre en train de marcher à reculons tandis qu’un autre type s’approchait de lui sans faire le moindre bruit. La suite était cousue de fil blanc, le jeune allait attaquer le vieux et ce dernier se défendrait avec tant d’aisance qu’on écouterait tout ce qu’il nous dirait comme des braves moutons. C’était en nous montrant qu’il était si fort et si efficace qu’il comptait nous pousser à être obéissant. Oui, de braves petits qui l’écouteraient avec de grands yeux ébahis lorsqu’il nous indiquerait comment mettre à mal un adversaire, comment trancher une carotide avec un coupe-papier, ce genre de connerie belliqueuse qui ravissait bien des spectateurs de cinéma. Non, ce n’était pas l’envie de démonter des inconnus qui m’avait fait venir ici…

Mais qu’est-ce qui m’avait fait venir ici ? Je n’en savais plus trop rien en cet instant et je m’en foutais, j’étais là, j’allais apprendre, montrer de quoi j’étais capable. Je me ferai respecter et je prendrai à partie tout ça… Et puis lorsque j’irai dans la section équipement, mes facultés allaient être plus en avant ! Oui, la mécanique, c’était la ma principale passion, la mort n’était pas ce qui m’attirait ici, le travail fait sur les armes par contre… Qu’est-ce que je foutais là ? Non, je ne pouvais pas se permettre de sécher, je ne l’avais pas fait lorsque j’étais au lycée alors je ne risquais pas de le faire ici…

D’autant que les sanctions seraient bien plus coûteuses, et qu’il valait mieux être apte à se battre lorsqu’on voulait devenir assassin, enfin c’était tout du moins ce que m’affirmer mon sens de la logique. Je regardai donc avec attention l’affrontement qui commençait. Je me voyais mal arriver à étrangler comme ça un type de quatre-vingt kilos, mais bon, ça valait toujours le coup de connaître une manière efficace d’étrangler quelqu’un… Après tout il y avait bien ici une ou deux filles que j’aurai sans doute réussi à mettre KO en les prenant en traître et en les étranglant de la sorte. Bon, il fallait que je reste concentrée, je savais assisté à un cours, la prépa m’y avait bien formé !

Dimitri ramena brutalement son poids en arrière pour déstabiliser son agresseur, puis il balança sa main en arrière, son majeur guidant sa main le long de l’arrête du nez, son index et son annulaire allant se ficher dans les yeux de l’homme qui l’avait attrapé en traître. Il commença à desserrer la prise de celui-ci d’une main tout en venant frapper de la paume l’appareil génital de Jeffrey avec brutalité. Tout ceci se passait sans le moindre ménagement, ce n’était pas un enchaînement travaillé et préparé, il s’agissait d’un véritable combat. L’assassin instructeur saisit alors le poignet de l’homme qui l’avait attaqué avec ses deux mains et l’abaissa rapidement en pivotant. Il replaça ensuite l’un de ses appuis de façon à bloquer le bras puissant qui l’étouffait un peu plus tôt au niveau du coude. Remontant peu à peu l’une de ses mains tout en gardant le membre en extension, Kovec entendit bientôt de petits craquements qui annonçaient la rupture prochaine de l’articulation.

Le plus jeune des combattants se retrouva bientôt soumis à une clef de coude, son bras malmené laissant échapper quelques craquements pour le moins lugubre. Il détendit au maximum ses muscles, sans lutter contre la pression qu’on effectuait sur son articulation qui commença lentement à se tordre de façon glauque. Il inspira grandement tout en se déplaçant légèrement pour alléger l’effort que devait subir son articulation puis expira à petits coups à chacun des mouvements vifs qu’il entreprit. Sa main libre se saisit de la poigne qui était fixée sur son coude et d’une clef du pouce lui fit lâcher prise. Retrouvant la mobilité de son bras directeur, il saisit au poignet son agresseur tout en gardant le pouce de l’autre main sous contrainte. Il fit remonter tout son poids dans les bras de son agresseur, manquant de lui démettre une épaule, malmenant les muscles de son dos sans la moindre pitié. Brusquement, il leva l’une de ses jambes et décocha un coup de pied latéral au niveau du plexus, visant les facultés respiratoires du vieil instructeur.

Je restai dubitative un moment… C’est quoi ce cirque ? Un combat ça se passe toujours comme ça ? Du peu que j’en avais vu jusqu’à présent c’était en général plus espacé, au cinéma tout du moins. Là il n’y avait pas de distance, pourtant dans les arts martiaux on faisait presque constamment référence au respect des distances. Oui elle se souvenait de quelque chose comme ça, il y avait une distance à respecter pour avoir une liberté de mouvement et une puissance de frappe optimum. Alors qu’est-ce qui se passait exactement là ? Il n’y avait pas de projection, pas d’écart, c’était vraiment compact… Mais bizarrement ça ne me gênait pas plus que ça au fond de moi. Après tout j’avais plus de facilité à croire des professionnels du monde de l’assassinat plutôt que des acteurs. La compétition à l’issue fatale se soldat bientôt dans un concours de torsion de bras à tout bout de champs, interdite, j’observai le tout avec un mélange d’inquiétude et de passion. Oui, ça avait quelque chose de fascinant cette façon de contrôler le corps de l’autre.

Je trouvai ça bien plus intéressant que de voir un type en étrangler un autre. Il y avait dans ces enchaînements quelque chose d’harmonieux, comme si le monde était satisfait de leur façon de se battre. Et de fait ça marcher plutôt bien puisque les bras de l’un et de l’autre furent malmenés en de bien nombreuses manières. Je n’en étais pas moins un peu inquiète, parce que les mêmes bras semblaient presque à céder et qu’il aurait été malencontreux qu’on me brise l’un des miens dans les heures qui allaient venir. Je voyais bien un gros imbécile m’attraper le poignet et me plier le coude dans un angle pour le moins contre-nature en rigolant grassement. D’un autre côté, bien que j’aurai eu plus confiance en nos instructeurs pour ne pas me faire subir un pareil traitement de façon fortuite, je ne faisais pas confiance au plus vieux pour ce qui était du sadisme. Il avait regardé Kane se faire démolir quelques minutes plus tôt sans broncher, je ne savais pas s’il y avait prit du plaisir, mais quoi qu’il en soit, le fait été là, ce dernier était inconscient.

Dimitri se saisit de la jambe de son adversaire au moment de l’impact, resserrant telles les serres d’un aigle ses doigts sur la cheville de l’assaillant. Il s’avança brutalement, sans souffle et se servit de la force de ses jambes pour repousser brutalement la jambe du jeune homme en y appliquant une torsion ce qui eût pour effet de le soulever du sol avant qu’il n’y retombe lourdement. Le responsable de la Section Combat plongea brutalement sur le côté et glissa une main sous le menton de son adversaire avant que celui-ci n’ait eu le temps de retrouver ses esprits. Tirant d’un coup sec, Dimitri le calla contre sa hanche tout en l’étranglant avec force, le privant de ses appuis de façon à ce que celui-ci ait le plus de difficulté possible à s’extirper de la prise. La difficulté fut d’ailleurs telle que le plus jeune des deux combattants n’arriva pas à la surmonter. C’est donc inconscient que Jeffrey Burbank fut libéré de l’emprise de son aîné. Il eût droit au même traitement que l’élève un peu plus tôt, et, tandis qu’on l’emmenait jusqu’à un banc, Kovec s’approcha de ses élèves.

"Bon, vous me faites trois tours de course !"

Le combat s’acheva de façon assez brutale lorsque l’instructeur arriva à passer son avant-bras sous le menton du plus jeune des deux… Autant le dire clairement, le tout transpirer une certaine forme de maîtrise du corps humain plutôt malsaine. Pourtant je ne pouvais m’empêcher d’y voir une forme d’art, la cyclique des attaques, défenses et contre-attaque dévoilant quelque chose de grandiose dans l’affrontement. Finalement peut-être que j’allais aimer ce cours. En quelque chose, il me rappelait les cours que j’avais reçus quant à la mécanique, tout n’était question que de degré de liberté, de limite d’élasticité. Le corps n’était au final rien de plus ni de moins qu’un système de pièces organiques lorsqu’on le concevait comme cet homme.

Lorsqu’il fallait combattre, il n’était plus question d’esthétisme ou de désirs, il s’agissait simplement d’actions et de réactions purement physiques. Je souriais légèrement, dans ces conditions j’avais peut-être une chance de sortir du lot ! Même si ma carrure ne me permettrait sans doute jamais d’arriver à mettre un homme KO d’un seul coup de poing, je ne me privais pas d’espérer un jour pouvoir mettre au sol des types qui auraient la même corpulence que mes anciens collègues. Ne me restait plus qu’à espérer que notre cher instructeur ne serait pas machiste ! Je me mettais à courir assez rapidement, par là j’entends que je m’élançai dans la course parmi les premières, pas que je courrais à toute allure.

Finalement j’arrivais dans l’espèce de noyaux dur des élèves, ceux qui couraient plus parce qu’on leur demandait que parce qu’ils avaient envie de montrer leur valeur. Ceux-là étaient devant, quant aux plus réticents aux activités physiques, ils étaient derrière. Je vis quelques personnes en train de parler, finalement à part le type qui s’était fait étalé un peu plus tôt, je n’avais pas parler à grand monde depuis mon arrivée. Peut-être cette première "leçon" serait-elle un endroit propice à de nouvelles liaisons, quand bien même celles-ci ne resteraient-elles que professionnelles ! A vrai dire je ne cherchai pas grand-chose d’autre qu’un allié dans ce qui s’annonçait être un monde de violence gratuite et renouvelée. Je m’adressai à un blondinet à l’air totalement indifférent.

"Alors, tes impressions ?"